ADN (critique)

ADN

D’après ADN (Acide Désoxyribonucléique) de Dennis KELLY

Traduction : Philippe LE MOINE

Adaptation : Marie MAHE

Mise en scène : Marie MAHE

Lumières : Edith BISCARO
Scénographie : Marie MAHE et Isabelle SIMON
Costumes : Marie MAHE
Artsiste Peintre : Ymanol PERSET
Avec : 
Maxime BOUTERAON, Léa LUCE BUSATO, Marie MAHE et Tigran MEKHITARIAN ou Achille REGGIANI…

Au Théâtre Paris-Villette

Du 23 novembre au 3 décembre 2023

Si on trouve, avant le début de la pièce, des points communs avec Viril(e.s), une autre pièce de Marie MAHE : toile de maître en fond de scène, postures des personnages pendant l’installation du public, le parallèle s’arrête ici.

En effet, dans ADN, l’adaptation de Dennis KELLY dont le style d’écriture est aussi percutant qu’un autre auteur britannique Mark RAVENHILL, les dialogues aux phrases en suspens marquent un certain intérêt. Un intérêt pas évident à jouer pour les comédiens qui s’en sortent haut la main. Le public n’a, ainsi, pas besoin des fins de phrases pour saisir toute l’intensité de la pièce. Et de l’intensité, la mise en scène n’en manque pas. Outre les phrases en suspens, on est, également, épaté par les moments des personnages silencieux et faussement passifs, Phil (Maxime BOUTERAON) en tête avec un côté ange et démon qui n’est pas sans rappeler un rapport à la Puissance divine. Il transmet une multitude de pulsations au texte sans mot dire ou en mangeant une chips. D’autres personnages sont la folie incarnée par la perte de contrôle. A tout instant, le jeu est abyssal.

On nous parle du bonobo ou du chimpanzé, on pense au règne reptilien dans cet ADN que nous avons en commun quant à notre capacité à fuir la réalité, le danger. Le chaî(non-) manquant jamais abordé ?

A mesure que la pièce avance, le mystère se dévoile et se voile à nouveau pour toujours davantage de tension. Souvent, la pièce emmène le public avec les protagonistes vers l’emprise et la fascination de « celui qui commande ».

A aucun moment, le fait que des adultes jouent des adolescents ne nous perturbe.

ADN a aussi la parfaite prétention de nous emmener explorer… Non, d’entrer par effraction dans la part d’ombre qui sommeille en chacun de nous et les conséquences incontrôlables qu’elles entrainent. On notera, d’ailleurs, un travail incroyable sur la lumière qui joue avec brio sur ce thème oscillant entre le rouge violent et le blanc innocent. On est surpris dès le début de la pièce, lorsque la lumière change, de faire un premier pas vers l’horreur. Une fois encore, avant même que le moindre mot soit prononcé.

ADN : Une pièce au pouvoir étonnamment attractif !

L’histoire

Comment trouver sa place dans le groupe, comment survivre en milieu hostile ? Entre bonobo et chimpanzé, l’homme serait-il à l’image d’un singe bipolaire ? Tantôt doux et pacificateur, tantôt assoiffé de sang et de guerre. Dans ADN, c’est un groupe d’adolescents partis en forêt qui s’acharnent à torturer Adam, un de leurs camarades, devenu bouc émissaire. Jusqu’au jour où ça dérape. Mais comment vivre quand on a commis l’irréparable ? Pour sa première mise en scène, Marie Mahé a choisi la pièce de l’auteur anglais Dennis Kelly qui l’a littéralement saisie. Une écriture à l’os, sans psychologie. D’une tension inouïe, ADN est un jeu de massacre, un jeu de dissimulation, une pièce sur la panique, la culpabilité et le non-retour. Peut-on ôter une vie sans conséquence ? Ne pas participer au lynchage, est-ce construire sa propre humanité ? Toutes ces questions agissent comme des plaques tectoniques sous les mots, sous la scène, mettant les 4 comédiens dans une situation d’urgence permanente. Le plateau devenant comme le lieu de notre propre ADN.

 


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Aurélien.

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