A l’occasion de sa rentrée de saison, le théâtre du Rond-Point et Jean-Michel RIBES, son directeur pour 4 mois encore, ont choisi Amore comme pour placer la saison sous ce fil conducteur qui rassemble et divise.

Amore célèbre l’amour dans tous ses états. Ainsi le mot et toutes ses dimensions sont disséqués autant que nous sommes bousculés par l’inatendue et jouissive définition du terme dans ce spectacle hors catégorie. L’amour est placé sous le signe de la réflexion. Il est placé au centre de tout. Le résultat est dense au point d’en être vertigineux. Tout ce que l’amour renferme de plus précieux comme de plus sombre est présenté sans mensonge.

Le travail réalisé sur le son et sur la lumière en fait toute la beauté. On assiste à un fantastique jeu d’ombres sur le décor où les perspectives deviennent sensationnelles. Le rendu est magique. La musique mais surtout les voix se font ombres elles-aussi jusqu’à s’étirer dans toute la salle. Si le texte est sur-titré, ce n’est pas le cas des chansons interprétées en italien, en portugais et même en kimbundu, la langue longtemps interdite de l’Angola. Ce parti pris de ne pas sur-titrer, entendez traduire, en déroutera peut-être plus d’un. Pourtant, il laisse libre cours à notre interprétation par les sonorités qui nous traverseront dans une chaleur réconfortante ou parfois comme un coup de fouet qui nous sort de notre torpeur. Une belle manière pour chacun de s’approprier le texte et l’histoire. Les mélodies sont toujours bucoliques et enivrantes avec des voix tout droit sorties du cœur et des tripes ! Le son des guitares se donne des accords nostalgiques. Chaque interprète envoûte le public à sa façon. Etourdissant, impressionnant, dérangeant, obscène, vulgaire, esthétique, onirique ou encore violent : chacun ira de son point de vue mais il est certain qu’ Amore ne peut pas laisser indifférent.

Une pièce sidérante !