Le bar de l’oriental
De Jean-Marie ROUART de l’Académie Française
Mise en scène : Géraud BENECH assisté de Lucie MURATET
Scénographie : Emmanuel CHARLES
Lumières : Olivier OUDIOU
Costumes : Lucie GUILLEMET
Avec :
Gaëlle BILLAUT-DANNO, Pierre DENY, Charles LELAURE en alternance avec Valentin de CARBONNIÈRES, Katia MIRAN, Pascal PARMENTIER et Mai THÀNH NAM
Jusqu’au 28 avril 2024
C’est une œuvre complète à plusieurs niveaux que nous propose Le bar de l’Oriental à commencer par le texte d’une prose minutieuse, pleine de répliques aussi pointues qu’assassines. La lumière et la scénographie participent à nous faire ressentir la chaleur moite de l’Indochine avec ses rouges, ses ocres et son humidité qui colle à la peau. Le décor, principalement fait de mobilier colonial, renforce encore l’immersion. Et puis, l’ambiance sonore termine de parfaire la pièce.
Enfin, pour parfaire davantage le texte, c’est surtout l’interprétation des comédiens qui est à souligner. Ils sont d’une indubitable rectitude. Tous donnent énormément dans le regard. Gaëlle BILLAUT-DANNO et Valentin de CARBONNIERES (en alternance) débordent, tous deux, d’un charisme saisissant. Chacun joue de parfaites nuances indicibles.
La partition est jouée avec une certaine langueur comme pour appuyer sur le fait que malgré la guerre civile et l’urgence de la situation, l’atmosphère pesante ralentit le temps. Le texte ne s’attache pas, sous des prétextes d’histoires d’amour, de trahison et de jalousie, à installer les idéaux de chacun mais à analyser les peurs et ses conséquences sur chacun de ses personnages. Une dissection psychologique du cœur et du cerveau au scalpel ! Pour cela, il y a un jeu de jauges entre les protagonistes qui divertit insidieusement et instruit le spectateur.
Le bar de l’Oriental est une analyse acide du survivalisme et de son antonyme joué sur un plateau qui se fait l’étau des personnages.
Une introspection pointilleuse subtilement servie !
L’histoire
Langson, Nord Tonkin, début octobre 1950
Dans le huis-clos étouffant d’une vieille demeure coloniale, cinq personnages en quête d’eux-mêmes, se retrouvent soudain projetés dans le tourbillon de l’Histoire, au tournant de cette guerre d’Indochine qui s’annonce bientôt perdue.
Le passé ressurgit soudain, réveillant les tensions enfouies et les questions demeurées sans réponses. Que s’est-il donc passé cinq ans plus tôt, à Saïgon, au Bar de l’Oriental ? Une promesse non tenue, un amour refusé par fidélité à un autre amour, à une cause supérieure, à un enracinement corps et âme dans ce pays si attachant et énigmatique…
L’engagement politique, l’art, ou l’amour opèrent ici comme autant d’idéaux, parfois illusoires, souvent contradictoires, et pour lesquels certains iront jusqu’à sacrifier leur vie.
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Aurélien.