Voilà une pièce qui porte son nom puisque c’est bien un jeu auquel il nous est donné d’être spectateur… On ne parle pas ici du jeu d’acteur, toutefois irréprochable mais bien de la façon dont la vie d’un homme à qui on offre de réécrire sa biographie.
La force de la pièce réside dans l’originalité, non pas du sujet déjà abordé dans d’autres œuvres mais dans sa façon de le mettre en forme. Au milieu d’un décor qui se meut à la façon d’un jeu d’échec, notre personnage principal se voit donné l’occasion de changer des détails de sa vie. Mais qui dit « jeu » dit « règles » et le maître du jeu est là pour le rappeler. Qu’est-ce qui est autorisé à être changé, qu’est ce qui ne l’est pas. Comment tel ou tel pièce peut avancer… Est-ce que changer un détail changera finalement l’inéluctable fin ?
Le maître du jeu et ses assistants sont présentés, non pas seulement en tant que tels mais également comme metteur en scène, accessoiriste, décorateur, scripte…
Il y d’ailleurs cet esthétique si particulier et rare au théâtre : on n’est pas devant une scène de théâtre mais à mi-chemin entre un film d’art et d’essai et la double page photo d’un magazine en vogue.
Le jeu d’acteur comme le jeu décrit dans l’histoire sont subtils, se bousculent sans cesse nous percutant au passage. Fiction et réalité se confondent. La chronologie désordonnée se remet en place petit à petit. De cette façon, les deux heures de représentations se déroulent sans temps mort jusqu’à un dénouement surprenant.
Et vous, si vous deviez changer des détails de votre vie, est-ce que vous le feriez ?
Une merveilleuse création et adaptation présentée pour une durée limitée !
L’histoire
« S’il vous plaît… Sans revolver… »
Et s’il pouvait, à cinquante ans, rejouer sa vie, les grandes scènes de sa vie, en modifier un geste, un mot, en déjouer le cours, et surtout éviter une rencontre, celle d’Antoinette, miracle et cauchemar de son existence. C’est la règle de ce jeu : réécrire sa biographie. Reprendre et corriger, revenir dans le temps, le suspendre, faire d’autres choix, prendre d’autres voies. Rêve ludique ou polar noir, joyeuse machination, Biographie : un jeu mine le champ des possibles, et transforme la vie en incertain puzzle de choix, désirs, pulsions ou lâchetés raisonnables. Frédéric Bélier-Garcia signe avec cette partie d’échecs féroce et drôle sa première mise en scène. Succès prodigieux. Aujourd’hui, il s’empare à nouveau de la comédie vertigineuse, labyrinthe de mises en abyme, pour y faire souffler l’air vif amer du présent.