Company (critique)

Company

Paroles et musique : Stephen SONDHEIM

Livret : George FURTH

Mise en scène : James BONAS
assisté de Maël BURNOUF et de Stéphanie BRON

Adaptation du livret en français : Stéphane LAPORTE

Orchestrations : Jonathan TUNICK

Direction musicale : Larry BLANK assisté de Charlotte GAUTHIER

Chorégraphie : Ewan JONES
assisté d’ Esther GRANETIER

Scénographie : Barbara DE LIMBURG

Vidéo : Anouar BRISSEL

Costumes : Nathalie PALLANDRE

Lumières : Christophe CHAUPIN

Création sonore : Unisson Design

Avec :

Sinan BERTRAND, Gaëtan BORG, Lucille CAZENAVE ou
Camille MESNARD, Joseph DE CANGE, Scott EMERSON, Eva GENTILI, Myriana HATCHI, Jeanne JEROSME, Arnaud MASCLET, Neima NAOURI, Camille NICOLAS, Marion PREITE, Jasmine ROY et Loïc SUBERVILLE

et avec l’Orchestre National d’Ile-de-France

En tournée française : à l’opéra de Massy, au théâtre impérial de Compiègne-Opéra de Compiègne, à l’opéra de Rennes, à l’opéra de Nice-Côte d’Azur, à l’opéra Grand Avignon, à l’avant-scène opéra – Neuchâtel, à l’opéra national de Lorraine, à l’opéra de Limoges, à Clermont Auvergne opera, à l’opéra orchestre Normandie Rouen et au théâtre du Châtelet

Jusqu’au 11 avril 2027

Pour le plus grand bonheur du public français, le classique de Broadway Company fait sa tournée !

A public français, adaptation du livret en français . C’est Stéphane LAPORTE qui s’y est collé en en faisant une exquise gourmandise dont se régalent aussi bien les comédiens que le public. Il a su souligner l’importance du propos sans en délaisser le ton décalé indissociables l’un et l’autre.

Livret comme paroles montrent le besoin de faire comme tout le monde pour être accepté. On le constate, nous même, encore sur l’art et partout où il est question de goût. On doit suivre l’avis général pour ne pas être considéré comme un paria. C’est en cela aussi que Company est intéressant, il offre plus qu’une introspection de Bobby, le personnage central, sur la question du célibat. Il interroge aussi sur la pensée unique, l’injonction à devoir entrer dans le moule, à devoir aimer, par exemple Guillaume Musso, Alexis Michalik ou Pierre Hermé parce que tout le monde aime ou encore à avoir le dernier smartphone parce que son voisin le possède depuis hier. Il y a derrière cela également une envie inconsciente et obligatoire qui s’entrechoque avec le désir intime. Ce paradoxe est parfaitement illustré à plusieurs reprises mais il atteint son apogée avec Jasmine ROY brillante dans son speech en état d’ébriété et dans le très réflexif The ladies who lunch. Dans cet état d’observation de l’autre, Bobby est autant en admiration face à Marion PREITE et Arnaud MASCLET , eux aussi tordant dans leur scène de couple. Mais c’est Jeanne JEROSME qui possède et maîtrise le reflet le plus complexe à cause de la grande question qu’elle tend dans Getting married today. Enfin, on adore Neima NAOURI non seulement pour son intreprétation de Another hundred people mais aussi pour l’importance de son personnage qui dissumule l’inquisition des notions à double sens, si on retire ou pas le trait d’union (union : mariage), de « savoir-être » et de « savoir-vivre » dans la grosse pomme. Le fait de situer l’action de Company à New York, ville où tout est décuplé, dimensions comme vitesse, n’est pas anodine. Bobby est le point cardinal de tous ses couples hauts en couleurs qu’il côtoie dans son costume gris étriqué. Il est incarné par Gaëtan BORG. Excellent que ce soit dans ses solos où il est pris dans la lumière ou lorsqu’il se pose en observateur attentif. Il « défonce » tout vocalement tant sur l’amplitude des notes que sur leurs octaves.

Reste le problème très français de vouloir mettre un passage de simili-claquettes (ici et comme souvent enregistré) parce que c’est très Broadway et que ça fait bien. Sauf qu’en France, l’exigence sur la discipline n’est pas encore atteinte car enseigné trop tard au cours de la vie. C’est encore plus flagrant avec les disparités de niveau soulignées dans le numéro d’ensemble. On gagnerai à supprimer ce passage de quelques dizaines de secondes. A plus forte raison parce que l’intégralité de la distribution n’a pas besoin de cela. Tous brillent autrement tout au long du spectacle. Le talent du casting est explosif ! Non seulement ils jouent et chantent mais en plus, il assurent sur les chorégraphies sans renfort d’un ensemble de danseurs supplémentaire. Il jouissent d’une énergie débordante qui les lie les uns aux autres. Grâce à ça, un grain de folie complémentaire s’ajoute à la narration d’un sujet dont l’intellectualisation s’en fait plus relative. Quant à la narration, on s’étonnera dans le bon sens qu’elle soit davantage dans une succession de saynètes plutôt que de suivre un axe chronologique. C’est d’abord perturbant mais finalement très malin et parfaitement approprié.

Outre le jeu de Gaëtan BORG, l’anxiété et l’isolement volontaires de son protagoniste, Bobby, sont parfaitement retranscrites par une scénographie où la perspective forcée joue sur la géométrie. Les lignes peuvent enfermer, écraser Bobby ou s’élargir en adéquation avec le champs des possibles qui s’offrent à lui. Cette illusion utilise intelligemment le mapping et la lumière pour un rendu aussi époustouflant qu’esthétique. A travers ses rétrécissements ou agrandissements sous l’injonction « Mangez-moi/buvez-moi », on y verra une référence à Lewis Caroll avec une interrogation sur le miroir et son image. Un « Qui suis-je ? » en puissance qui devient « Où vais-je ? » imposé par la société.

Le livret offre une réflexion tel que Company est le genre de proposition qui fait qu’on se repasse le show les heures qui suivent pour en trouver d’autres clés, ouvrir d’autres portes, s’interroger sur le conscient et l’inconscient de Bobby et, parallèlement du nôtre, sans se faire prendre par la main par une note d’intention qui ne devrait exister dans aucun programme ou dossier de presse afin d’encourager à penser par soi-même et non comme tout le monde. C’est encore plus vrai dans ce contexte et libre à chacun de les lire ou non.

Company, c’est aussi une partition et des paroles qui constituent la base de tubes. On ressort de la salle avec plusieurs titres en tête. C’est là le signe qu’on est en présence d’un musical réussi.

De bons titres, un livret intelligent et drôle, des artistes au top, une scénographie moderne qui fait sens, que demander de plus ?

L’histoire

C’est l’anniversaire de Robert, il a 35 ans. Tous ses amis se demandent pourquoi il n’est pas marié ? Pourquoi ne peut-il pas trouver la bonne copine pour fonder une famille ? N’est-ce pas dans l’ordre des choses ? Bobby lui-même se pose les mêmes questions. Il ressent une immense pression pour décider de son avenir. Est-ce le temps de la décision qu’il avait si longtemps différée. Son âge pèse lourdement sur son esprit. Va-t-il demeurer seul pour toujours ? Va-t-il fonder une famille ? Se marier ? Les deux ? Ni l’un ni l’autre ? Il y a de quoi devenir fou ! Au contact de ses amis, une vérité va-t-elle apparaître ?

SITE OFFICIEL

Aurélien.

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