Elephant Man (Critique)

Elephant Man

De : Bernard POMERANCE

Adaptation : David BOBEE et Pascal COLLIN

Mise en scène : David BOBEE

Avec : Clémence ARDOIN, Luc BRUYERE, Arnaud CHERON, Michaël COHEN, Béatrice DALLE, Joeystarr, Radouan LEFLAHI, XiaoYi LIU, Papythio MATOUDIDI et Grégori MIEGE

Jusqu’au 20 octobre 2019

Aux Folies Bergère

Elephant Man était, sans doute, une des pièces les plus attendues de cette rentrée mais aussi celle qu’on attendait le plus au tournant. Donc forcément, il y a ceux qui pour se donner de l’importance trouvent la pièce sans intêret et les journalistes dont le média auquel ils sont rattachés est partenaire qui crient au miracle. Plutôt que de faire le tri, on est allé juger sur pièce… On saluera d’abord, signe de réussite et de respect, le fait d’avoir un public qui n’applaudit pas connement, comme c’est le cas, sur d’autres pièces ou plutôt sur d’autres théâtres (La Michodière pour n’en citer qu’un) à chaque entrée en scène d’une nouvelle tête d’affiche avant même que cette dernière n’est encore ouvert la bouche.

Après une ouverture qui donne le ton sur une fascinante ambiance de freak show soulignée par une musique immersive et passée l’introduction circassienne, la pièce a l’étrange pouvoir de créer l’attente. Étrange parce qu’il ne devrai pas y avoir de réelle attente : toute l’assistance sait qui est cette « bête », dont le bonimenteur parle, caché sous le sac en toile de jute. C’est là que réside le premier coup de maître : créer un suspense sur une certitude… On a tous vu l’affiche, on a tous vu la distribution mais on est, malgré tout, là à ronger notre frein ! Puis une vraie surprise suit, celle de l’apparition du décor : impressionnant sur bien des points. Sur son effet lugubre, insalubre mais beau malgré tout comme pour faire écho au héros de l’histoire. Autour de ce décor, la scénographie est elle-aussi admirable. L’ensemble est d’une cohérence idéale et ardemment chorégraphié. Quant, en plus, on a une direction d’acteur au top et une occupation de l’espace par les comédiens aussi dense, cela relève du prodige ! La consistance d’un « play » de Broadway ou du West End semble être enfin arrivée à Paris dans une atmosphère qui n’est pas sans rappeler American Horror Story !
Pour que tout cela fonctionne à la perfection, il faut des comédiens qui vont avec… Les déplacements sont en phase avec le texte et son ambition. La distribution est intelligente et ne fait jamais défaut à l’oeuvre qui joue à maintes reprises avec nos nerfs et avec nos émotions. La peur de l’autre, le regard de l’autre porte une sorte d’ambivalence sur un personnage principal qui parle peu mais s’exprime et exprime beaucoup.
Autre spécificité : le parti de ne pas grimer Joeystarr avec une mise en scène et une texte qui ont cette capacité, par les descriptions habiles de laisser votre imagination s’en charger.

La pièce joue, également, sur la longueur et la lenteur sans jamais devenir ennuyeuse malgré sa durée de plus de trois heures…

Quant à la lumière, elle est raccord elle aussi, jouant sur une éclairage ombrée, balayant à peine les comédiens à l’inverse de ce ferait une poursuite et usant ainsi d’un effet diaphane sans l’être réellement.

Enfin comment ne pas s’émouvoir devant cette bête qui devient tour à tour enfant puis héros puis prince. Celui qu’on veut faire passer pour laid est touchant et d’une sublime monstruosité. Une grande sensibilité caché sous le monolithe. La faute encore une fois à un jeu travaillé et un texte poignant. Poignant, redoutable et redoutablement efficace loin des niaiseries qu’on nous sert un peu dans tous les genres de théâtre sur cette rentrée !

A Whitechapel, Jack l’éventreur est cité au côté de William Shakespeare, d’Oscar Wilde, de Lewis Caroll. Il ne manquerait plus qu’Antoine de Saint-Exupéry avec son « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux » pour faire le trait d’union avance le spectacle joué juste avant aux Folies Bergère

Tout ça fleure bon les Molières !

L’histoire

« L’ÉVÉNEMENT THEÂTRAL DE LA RENTRÉE.

Joeystarr incarnera aux côtés de Béatrice DALLEElephant Man.

La pièce mythique de Bernard POMERANCE sera adaptée et magistralement mise en scène par David BOBEE. 

Une fable cruelle dont la morale pourrait se résumer ainsi : le monstre n’est jamais celui que l’on croit. 

La gueule cassée et sublime de JoeyStarr deviendra, le temps d’une soirée, le visage de notre rapport à la différence. 

Une véritable leçon de tolérance. » 

 

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Aurélien

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