Elle m’a dit d’aller chanter Gospel sur la colline … Et j’aurai mieux fait de m’abstenir!
On peut dire qu’on commence fort mal avec une toile placée en arrière-scène où d’hideuses images sont projetées dessus. Encore une comédie musicale avec de la vidéo-projection ! Et comme ça ne suffit pas à plomber la scénographie, il n’y a aucune fluidité entre les scènes : simplement un rideau noir qui couine lorsqu’il se referme de droite à gauche et qui est d’une grande inutilité puisqu’on voit à travers.
Le synopsis semblait sympa : 1954. La Louisiane, un groupe d’esclaves noirs projette de construire une église là-haut sur la colline où blancs et noirs prieraient ensemble. Mais on nous colle des histoires à l’eau de rose derrière tout ça. C’est loin du musical « Sister Act » et pire que le « Autant en emporte le vent » de Presgurvic ! Le livret est pauvre.
Digne du générique de Candy, « Au pays de Candy, comme dans tous les pays, on s’amuse, on pleure, on rit. Il y a des méchants et des gentils… », on assiste même à des moments surréalistes : un accessoiriste qui vient sur scène, caché (du moins, essayant de se cacher) derrière le pupitre de l’église (unique décor avec les bancs de l’église) et qui tend, sans discrétion, les instruments aux musiciens. On fait du remplissage avec un lieu de divertissement nommé L’Alcazar où les numéros s’enchaînent sans cohérence faisant traîner le premier acte en longueur. Si la danse est plutôt rythmée, elle est plutôt simpliste et sans synchronisation de la part de certains artistes. Quand on a l’idée, excellente malgré tout, de faire danser la troupe avec un plateau en argent dans une main, ça donne un bel effet avec la lumière qui se reflète dedans. L’ennui, c’est que ça marque encore davantage le manque de cohérence du groupe quand l’effet miroir du plateau ne renvoie pas la lumière de la même façon dans la salle. Un marquage au sol pour le positionnement n’aurait pas été du luxe. Dommage aussi pour ces huit beaux projecteurs à LED qui envoient un rose pêchu. Tous sauf un qui a choisi de rendre un rose blafard. Et ce micro qui crache, pitié, la régie son et la régie lumière ! Réglez tout ça !
Musicalement, c’est du gospel discount et finalement très peu présent. Les rythmes sont cependant fort plaisant : du jazz, du blues, de la soul (on approche parfois du son de Sinatra) et même un peu de rock n’roll. Et on se surprend même à battre la mesure à maintes reprises. Il faut dire qu’on a ici un parti pris de faire jouer un orchestre de jazzman live sur scène. Alors trompette, trombone à coulisse et saxo, ça cartonne !
On souligne les efforts de la distribution. Firmine Richard est une narratrice qui ne manque pas d’humour et parfois même d’improvisation si bien qu’on lui pardonne ses bafouilles. On ne nous colle pas des effets studios sur les voix et c’est appréciable. Jean Luc Guizonne (Le Roi Lion) nous scotche avec des aigus bien placés et des notes graves qui vous font vibrer. Idem pour Dominique Magloire (Autant en emporte le Vent, Cléopâtre Dernière reine d’Egypte) qui vous transporte littéralement dans l’histoire de la Louisiane.
Regrettable donc que ce spectacle n’ait, visiblement pas bénéficié d’un budget assez conséquent pour le rendre efficace visuellement. Malgré tout, musique et chant sont de haut niveau et c’est ce qui compte. Même si Gilbert Montagné, présent ce soir-là, est invité à monter sur scène lors du final, s’est montré enthousiasmé, ce n’est pas pour autant qu’on doit clamer qu’il y eut miracle en cette église.
Aurélien