Illusions Nocturnes nous propose une intrigue originale mise en musique avec élégance.
Les créateurs sont su trouver les bons artistes pour jouer avec crédibilité les personnages captivants de cette histoire… Il y a, dans cette distribution et dans cette narration, la juste dose d’effervescence, de tension dramatique, de romantisme, de dandysme ou de gouaille parisienne. L’ensemble est brillamment interprété notamment par Pascal LACOSTE, touchant dans son rôle de gars timide et maladroit. Quant à la Tatiana MATRE (en alternance avec Fanny DELAIGUE) elle est, comme à son habitude, lumineuse et rayonnante comme elle sait l’être à chaque fois. Dans son personnage un brin pin-up, chaque son semble sortir du plus profond de ses tripes et non de sa gorge. Pour autant, personne n’est laissé en reste : chacun dans son rôle a ce petit plus qui nous emmène dans l’histoire. On saluera également l’utilisation du polonais et pour le coup, si on ne maîtrise pas parfaitement la langue, les sonorités sont crédibles à l’exception peut-être du « dziękuję » (Merci) prononcé davantage à la tchèque qu’à la polonaise… si on veut chicaner un peu. Chaque comédien sur la scène a les yeux qui brillent comme un brasier qui alimente leur bonheur d’être là.
Autre fait, les combats au poing, entre autres sont d’une crédibilité rarement vue sur scène. On saluera les performances vocales interprétées sans soutien sonore. Sans micro, les notes doivent être tenues sans compter sur l’appui d’une console en régie et elles le sont remarquablement. La musique est jolie, les paroles entrainantes.
La lumière est dans la maîtrise et participe ainsi à se fondre dans le décor et appuyer l’action. Rien à dire non plus sur la mise en scène qui s’enorgueillie d’une scénographie allant à l’essentiel.
On regrettera toutefois que l’utilisation d’une danse de style claquette n’aille pas jusqu’au bout en chaussant vraiment les artistes des souliers adéquats et en équipant le plateau du théâtre du plancher (ou d’une estrade) adapté même si on connait l’investissement financier que cela demande.
Illusions nocturnes est, sans doute, la bonne surprise de cette saison théâtrale.
L’histoire
Paris 1939. Un artiste visionnaire revenu de Broadway rachète une ancienne imprimerie pour y créer le cabaret du siècle…
Pétri d’ambitions, mais sans ressources financières, il s’entoure comme il peut d’une serveuse ancienne prostituée, d’un éclairagiste poète, d’un peintre révolutionnaire et d’une jeune polonaise chanteuse de métro, engagée pour assurer le spectacle. Tous ces êtres cassés vont se reconnaître dans leur quête commune, la création et l’Art.
Le spectacle sera grandiose !
Mais l’ombre de la guerre imminente plane sur Paris et les destins de ces artistes restent incertains…