Illusions Perdues
D’après : Honoré DE BALZAC
Adaptation : Pauline BAYLE
Mise en scène : Pauline BAYLE assistée de Isabelle ANTOINE et de Audrey GENDRE
Scénographie : Pauline BAYLE et Fanny LAPLANE
Lumières : Pascal NOEL
Costumes : Pétronille SALOME
Musique : Julien LEMONNIER
Avec :
Manon CHIRCEN, Zoé FAUCONNET, Anissa FERIEL,Frédéric LAPINSONNIERE, Adrien ROUYARD et la participation de Najda BOURGEOIS
Jusqu’au 6 octobre 2024
Pauline BAYLE s’attaque à BALZAC dans une mise en scène faite de « rien ». Il n’y a dans ce dernier terme aucun reproche. C’est bien tout l’inverse, avec « rien » : absence de décor, absence de costumes d’époques, éclairage allant souvent de neutre à brut, Pauline BAYLE happe le spectateur comme peut le faire outre-manche Jamie LLOYD, le recours à la vidéo en moins, en se concentrant sur les intentions données dans le jeu et sur l’importance des mots. C’est, en effet, une nécessité, quand on touche à BALZAC, que de respecter la plume d’un auteur qui a marqué son époque. On est, par le fait, séduit par les touches de finesse dans le langage, dans la poésie et dans l’humour de ces Illusions perdues exacerbées par le plateau nu et sans délimitation sur lequel évoluent les comédien.ne.s.
Toujours faisant fi des apparences et comme pour renforcer encore le fait de se jouer des artifices mais de maintenir l’illusion, les personnages sont joués sans distinction de genre. Un point marquant renforcé par le passage d’un personnage à un autre sans quitter la scène qui ne déçoit jamais. La narration en devient défiante et épatante. Chaque virgule est respectée, chaque mouvement du corps accompagnant une tirade est enivrant ! Chaque comédien.ne s’impose et nous subjugue dans un jeu merveilleusement old school.
Illusions perdues réussit également sans mal dans ce que, d’ordinaire, on déteste : briser le quatrième mur. Et Pauline BAYLE ne fait ici pas semblant, non seulement elle le brise mais elle le fait exister, paradoxalement, aux quatre côtés de la scène. Peut-on, d’ailleurs, encore parler de briser le quatrième mur ? Devrait-on sans doute dire faire disparaître le quatrième mur et avec la place du public, les coulisses et toutes les conventions. La pièce joue avec le spectateur, le bouscule en le sortant de ses habitudes du début jusqu’à la conclusion. Enfin, elle le pénètre par une mise en musique qui souligne parfaitement le propos.
D’autre part, la mise en abyme de cette création est démultipliée. Jamais on aura vu autant de strates dans ce style de parti pris.
C’est pour ces raisons qu’Illusions perdues trouvera, sans doute, ses fans et ses détracteurs. Une chose est certaine, il fera couler beaucoup d’encre. Autant sous les rouleaux de presse que lors de soirées entre amis qu’elles soient mondaines ou pas.
Illusion Perdues est un coup de génie terriblement déstabilisant et follement addictif.
Crédit photo : Simon GOSSELIN
L’histoire
Dans une mise en scène brute et incandescente, Pauline BAYLE dépeint le parcours de Lucien Chardon, jeune poète qui venu à Paris pour connaître la gloire, se retrouve happé par le monde impitoyable de la presse. Portée par l’énergie débordante de cinq comédien.nes incarnant près d’une quinzaine de personnages, son adaptation d’Illusions perdues révèle toute la puissance et la modernité des mots d’Honoré DE BALZAC. Sous nos yeux et dans un rythme effréné, ils nous transportent au cœur d’un XIXème siècle étonnamment contemporain.
Après avoir conquis le public avec ses adaptations de l’Illiade et Odyssée, Pauline Bayle poursuit son exploration des grands textes du répertoire en ravivant l’œuvre capitale de la Comédie Humaine.
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Aurélien.