Lapidée de Jean Chollet-Naguel

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Avec Nathalie Pfeiffer, Pauline Klaus et Karim Bouziane

Voix Off : Roland Giraud

Théâtre de la Comédie Bastille, Paris jusqu’au 10 avril 2016

Un réquisitoire implacable contre l’injustice faite aux femmes.

Aneke est hollandaise et étudie la médecine à l’Université de Maastricht. Elle s’y éprend d’un étudiant yéménite, Abdul. Ils se marient et décident d’aller vivre au Yémen. Les premières années sont radieuses, mais après la naissance de leurs deux filles, Aneke décide de ne plus avoir d’enfant. Elle souhaite se consacrer à son métier dans une contrée où, encore plus qu’ailleurs, un médecin exerce une activité vitale. Mais cela n’est pas dans la Tradition, et encore moins en l’absence d’un héritier mâle…

C’est ainsi que La pression du village et des religieux, et surtout de sa propre mère, pousse Abdul vers ce qu’il pense être LA solution ; il épouse une deuxième femme. Non seulement la réaction d’Aneke est vive, mais de plus, elle commet la grave erreur de l’exprimer en public ! Abdul est dès lors forcé de réagir…

« Lapidée » nous montre une fois encore toute l’étendue de l’art dramatique. Pour beaucoup, la comédie (surtout au théâtre) se résume à passer un moment de rire. Mais rappelons, que la définition du mot comédie est « Ouvrage ayant pour but de divertir » . Le divertissement peut-être, comme c’est le cas ici intellectuel. Dans ce drame, chaque détail a son importance, rien n’est laissé au hasard. Des accessoires aux décors en passant par les costumes. La musique ( les bruitages), et surtout la lumière servent une pièce au texte riche et qui pousse à se questionner au gré des jours et des nuits qui passent. Au-delà de notre culture occidentale, au-delà de la culture orientale, qui a raison, qui a tort ? Deux cultures qui depuis des décennies ne se comprennent pas.

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Ce texte sombre, fourni et puissant, est mis en valeur par des comédiens tout à fait habités. Ce n’est pas chose aisée quand le texte en question se joue en duo ou en monologue. Cela rend l’exercice encore plus difficile encore. Quand le mot « Lapidée » est finalement prononcé, il sonne exactement comme sa définition : un coup porté plutôt que comme une sentence. Aneke sera-t-elle sauvée à temps ? On est complètement pris, inquiets, indignés, coupables si bien qu’à la fin de la pièce, l’ensemble de la salle ne sait pas trop si elle doit applaudir ou rester en silence et c’est finalement le silence qui prime avant de faire place aux applaudissements quand les comédiens reviennent pour les saluts. L’histoire est-elle inspirée d’un fait réel ? On ne le saura pas mais ça pourrait… Poignant ! Un coup de tonnerre puisqu’il est à noter que la pièce aurait dû être jouer à Paris en janvier 2015 et qu’elle fut déprogrammée suite aux attentats de Charlie Hebdo. Elle est maintenue cette année en dépit des nouveaux attentats survenus en novembre. Peut-être une façon de montrer que la production, à la manière d’Aneke, ne plie pas devant ses convictions et ce, malgré la menace.

Aurélien

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