Macbeth Underworld
De : William SHAKESPEARE
Partition : Pascal DUSAPIN
Direction musicale : Franck OLLU
Mise en scène : Thomas JOLLY
Reprise de la mise en scène et dramaturge : Katja KRUGER
Collaboration à la mise en scène : Alexandre DAIN
Décors : Bruno DE LAVENERE
Costumes : Sylvette DEQUEST
Lumières : Antoine TRAVERT
Assistant musical : Josep PLANELLS SCHIAFFINO
Chef de choeur : Richard WILBERFORCE
Chef de chant : Yoan HEREAU
Orchestre de L’Opéra National de Lyon
Mélanie BOISVERT, Katarina BRADIC, John GRAHAM HALL, Rachel MASCLET, Hiroshi MATSUI, Jarrett OTT, Maria Carla PINO CURY, Melissa ZGOURIDI
Jusqu’au 12 novembre 2023
Grâce à une atmosphère inquiétante avant même le lever de rideau, il ne fait aucun doute que nous allons faire un sombre voyage.
Macbeth ou quand la peur pousse au crime… Mais c’est ici, comme l’indique de le titre de l’œuvre, un Macbeth underworld, du monde souterrain où le couple Macbeth se voit revivre la folie et la culpabilité éternellement. Il y a, là, quelque chose de mythologique dans cette répétition aussi théâtrale soit-elle : un châtiment qui relève du mythe de Sisyphe. C’est d’ailleurs Hécate qui nous invite à rejouer la tragédie assistée des sœurs bizarres. Notons qu’elles sont passées de sorcières à sœurs bizarres. En effet, leurs actions, leur voix relève davantage du charme que du sort bien que conservant leur esprit de harpies. Elles se tiennent à elles trois tel un Cerbère, gardiennes de leurs jouets. C’est pourtant le portier, figure hystériquement joviale jusqu’à en être cynique qui est le véritable gardien de cet underworld.
La scénographie est ébouriffante ! On y retrouve des couleurs chères à Thomas JOLLY : le noir, le blanc, le rouge et un soupçon d’ors. Il apporte un soin de chirurgien esthétique à la lumière passée au scalpel. Elle se fait blafarde, noire, même « geôlière » et bien d’autres choses encore. Dans son décor massif, la scène est chargée en sang sans que celui-ci ne soit liquéfié. L’hémoglobine y est, ainsi, rendue incroyablement attrayante dans ses différentes figurations. Ajoutons à cela, d’infernales illusions d’optiques pour nous piéger encore dans la contemplation. Il y a dans cet univers quelque chose qui relève de l’ingénierie tant les mouvements de décors sont précis. On ne peut que saluer le travail de la régie technique qui fait vivre ce plateau ahurissant.
Les différents chapitres provoquent, chacun à leur façon, une fascination grâce, notamment, à la mise en relief de la partition de Pascal DUSAPIN qui se veut tout aussi narrative que le livret. Elle est jouée comme si elle était un personnage à part entière, elle peut être pesante comme le fardeau des Macbeth, agressive comme la vengeance d’un enfant…Mais c’est le requiem qui est troublant d’une influence surréaliste. Toutefois, notre préférence va à la scène incontournable de la tache de sang. Si Lady Macbeth nous fourvoie avec délice tout au long de l’œuvre, elle atteint ici un niveau de performance indicible ! Sa voix nous transperce agréablement.
Le livret est riche et travaillé dans un anglais pointu car emprunt aux passages originaux de la pièce de Shakespeare.
Macbeth Underworld est un opéra fantasque à la noire beauté aussi réussi visuellement qu’auditivement
L’histoire
Tous sont morts, mais certains ne le savent pas : Macbeth, Lady Macbeth, le spectre de Banco, l’enfant… L’enfant mort est la pierre angulaire de la culpabilité qui hante les Macbeth, condamnés à revivre leur passé.
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Aurélien.