Le malade imaginaire
De Molière
Mise en scène et adaptation : Tigran MEKHITARIAN
Direction artistique : La Compagnie de l’Illustre Théâtre
Assistance à la mise en scène : Lucie BAUMANN
Création sonore et musique : Sébastien GORSKI
Chorégraphies : Camila HALIMA FILALI
Lumières : Denis KORANSKY
Scénographie : Georges VAURAZ
Costumes : Axel BOURSIER
Création vidéo : Jérémy VISSIO
Avec :
Serge AVEDIKIAN, Anne COUTUREAU, Isabelle GARDIEN, Sébastien GORSKI, Camila HALIMA FILALI, L’Éclatante Marine, Tigran MEKHITARIAN et Étienne PALINIEWICZ
Au Théâtre des Bouffes du Nord
Jusqu’au 31 mars 2024
La compagnie de l’illustre théâtre et son metteur en scène ont décidément trouver la recette qui fait sensation. Et si chez Molière, le personnage principal est souvent un anti-héros, Argan ne déroge pas à la règle de l’homme détestable dans ses défauts et ses excès à une différence près, il n’en est pas moins attachant. Sans doute parce qu’il représente le reflet de l’humanité. C’est en tous cas, ce qu’on retient de cette adaptation de Tigran MEKHITARIAN. Notons qu’à son habitude, il ne s’embarrasse guère de certaines conventions en ajoutant, ça et là, sa patte parfois jusque dans ses racines.
Après l’installation du public devant un décor qui laisse entrapercevoir la modernité de l’adaptation, on rit rapidement. Le coup d’envoi étant lancé avec le drolatique « Drelin » exploitée en une multitude de nuances.
La lumière est sidérante et sidérale, à l’image de la création sonore et de la partition toujours aussi entêtante de Sébastien GORSKI. On le retrouve aussi sur la scène, comme c’était le cas dans Les fourberies de Scapin, à donner la réplique pour notre plus grand plaisir.
Pour accompagner la musique actuelle, à la fois urbaine et électro, l’adaptation a misé sur des déplacements chorégraphiques étonnants. On se délecte de ses moments qu’il soient dans des scènes entièrement chantées et dansées ou dans des moments plus succincts. L’habillage d’Angélique interprétée par l’abrasive et remarquable L’Eclatante Marine en est un exemple parmi d’autres.
Le malade imaginaire est à prendre au pied de la lettre puisque justement, on en vient à se demander si Tigran est vraiment fragilisé du pied droit ou non. Quand on ne sait plus distinguer le réel de la fiction, qu’on ne fait plus la différence entre comédien et personnage, on peut assurément affirmer que le travail d’acteur est respecté haut la main.
Avec tout cela, le passage où le quatrième mur est brisé était-il nécessaire ? Indubitablement non !
La troupe chamboule bouscule mais surtout, et ça devient une habitude, donne un uppercut dans la lutte des classes. Après Les fourberies de Scapin, puis Dom Juan, Le malade imaginaire fait se côtoyer le collégien des quartiers dit sensibles au couple septuagénaire des grands faubourgs. Molière est respecté malgré les prises de positions amenées par l’adaptation. On ne tombe pas dans une sorte de caricature « Molière du Bled » mais dans la rencontre multiculturelle dans toute sa nécessaire diversité.
Un malade imaginaire bien avisé aussi bien visuellement que verbalement.
L’histoire
Tout le monde connaît Le Malade Imaginaire, l’œuvre ultime de Molière.
Enfin, c’est ce qu’on croyait jusqu’à présent !
Si Molière avait écrit le Malade Imaginaire aujourd’hui, Argan serait-il accro aux anti-dépresseurs ? Toinette continuerait-elle à travailler ? Angélique incarnerait-elle un féminisme absolu et éclairé ?…
C’est ce voyage que Tigran Mekhitarian vous propose avec sa version moderne du Malade Imaginaire, une version théâtrale majuscule, portée par une direction d’acteurs hors normes.
Un conte urbain à la fois impétueux et subversif.
Une fable où la violence résonne comme un appel à l’aide.
Une satire au vitriol qui provoque le vertige.
Un réquisitoire qui insuffle, grâce au rap, à la danse et au chant, une modernité radicale et séditieuse.
Car le Malade Imaginaire rappelle au fond une chose simple, essentielle, que l’on oublie pourtant trop souvent : il faut toujours tendre la main à ceux qui en ont le plus besoin.
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Aurélien
Comments
La mise en scène et les acteurs se révèlent super énergiques, bien loin de l’ambiance souffreteuse habituelle de ce malade. Cette belle énergie et le respect du texte de Molière mettent parfaitement en relief la modernité des moqueries envers nos petits et grands travers! Les acteurs se régalent visiblement … et nous aussi ! Mention spéciale à Etienne Paliniewicz dans quatre rôles, dont un Thomas Diafoirus jeune et séduisant qui met en relief l’impérieuse nécessité de respecter les choix des futur(e)s marié(e)s au lieu de vouloir choisir pour eux, fut-ce un « beau parti ».