Mauvaises Herbes (Critique)

  • Date de sortie au cinéma : 21 novembre 2018
  • Durée du film :  1 Heure et 40 Minutes
  • Réalisé par : Kheiron
  • Avec : Kheiron, Catherine Deneuve, André Dussollier
  • Genre : Comédie

 

Synopsis – Mauvaises Herbes

Waël, un ancien enfant des rues, vit en banlieue parisienne de petites arnaques qu’il commet avec Monique, une femme à la retraite qui tient visiblement beaucoup à lui.
Sa vie prend un tournant le jour où un ami de cette dernière, Victor, lui offre, sur insistance de Monique, un petit job bénévole dans son centre d’enfants exclus du système scolaire.
Waël se retrouve peu à peu responsable d’un groupe de six adolescents expulsés pour absentéisme, insolence ou encore port d’arme.
De cette rencontre explosive entre « mauvaises herbes » va naître un véritable miracle.

 

Après le succès de Nous Trois ou Rien, Kheiron était attendu au tournant…  Son premier long-métrage bénéficiait-il de la chance du débutant ? La seule conclusion qu’on puisse en tirer, c’est qu’il réitère cet exploit de raconter des histoires en étant bouleversant et drôle. Si sur nos pages, on parle de plus en plus de spectacle et de moins en moins cinéma, quand on voit passer le nom de Kheiron dans les e-mails parmi les propositions, on n’y réfléchit pas à deux fois.

Mauvaises Herbes aborde les difficultés d’ados de banlieue en situation d’échec pour diverses raisons plus ou moins graves et détourne la « mauvaise graine » en Mauvaises Herbes… Pas idiot parce que quoi de plus beau qu’un champ de coquelicots, qu’une prairie de pissenlits et de boutons d’or qui cohabitent.  Et malheureusement, un jour, victime du capitalisme « Roundup » ? L’image est forte mais elle se pose bien là. Avec ce sujet, il n’y a, pour autant, pas de clichés : si les gentils chrétiens vont tuer les sales arabes (notez ici une ironie poussée à l’extrême,) c’est tout le contraire que renvoie le film plein d’humanité. Il n’y a pas de case, pas de code, il y a pas de gentils d’un côté et de méchants de l’autre. Non ! Il y a des mauvaises personnes, des criminels dans toutes les religions et quelque soit le côté de la méditerranée où on se trouve. Il n’y a pas un pays « en voie de développement » en Moyen-Orient et un pays « civilisé » en Occident. Non, il y a des civils et des civilités d’un monde manipulé par les puissants et les jugements de valeur. On devrai présenter ce long-métrage à tout bon nationaliste, frontiste, djihadiste ! Tout n’est pas noir ou blanc, tout n’est pas rose non plus. Il y a de la beauté, il y de la dureté, de la beauté dans la dureté et vice-versa.

Avec Nous Trois ou Rien, Kheiron nous avait fait pleuré alors, cette fois, on se promet de pas se laisser avoir une seconde fois. Ah non ! On n’a pas pleuré une fois, mais plusieurs fois. Il faut dire qu’il sont doués tous ces comédiens. Pour André Dussollier et Catherine Deneuve, on le savait déjà mais pour les plus jeunes, c’est la cas également. Comment un gamin qui doit avoir à peine 6 ans (Waël enfant) peut-il jouer avec autant de justesse !!! Ca relève du prodige ! Quant à Kheiron, il va faire grincer des dents certaines personnes puisqu’en France, il n’est pas vu d’un bon œil de porter plusieurs casquettes. Pour Kheiron, c’est celles d’auteur, de réalisateur et de comédien… Il pourrait se planter sur une des trois disciplines, il n’en est rien.

On est en présence de cinéma français (et iranien, ne l’oublions pas) comme on en voit que trop rarement à côté des nanards comme Ala’2, Bienvenue chez les Ch’tis, En liberté et autre succès commercial nauséabond qui font de l’ombre à du cinéma plus beau, plus social, plus tolérant.

Cette histoire est un hymne à la paix faisant fi de la maxime romaine : « Encore faut-il faire la guerre pour la paix ». On emploie ici la manière douce en redonnant de l’amour aux hommes

Kheiron est-il le nouveau François Ozon ? Le nouveau Gaël Morel ?

 

Aurélien

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