Même ou l’art et la manière de tourner et détourner le comique de répétition sous toutes ses formes : danse, chant, acrobaties, comédie. Toutes ces disciplines sont placées dans une sorte de faille spatio-temporelle. La technologie est soit moquée judicieusement soit utilisée à bon escient, du boomerang Instagram au looper.
Jamais le comique de répétition n’aura si bien porté son nom. Jamais la formule « comédie musicale » n’aura été prise au pied de la lettre à ce point.
Sous les allures de ce qui ressemble à une répétition d’un spectacle musical, l’humour extravagant occupe l’espace. Toutefois, ce qui frappe, c’est que derrière cet absurde délire, derrière ce qui paraît déstructuré, il y a une synchronicité et une recherche pointilleuse. Il est saisissant de constater la maîtrise qu’il faut pour rendre ces mouvements, ces gestes réitérés et toute cette folie crédible. On est entre le film Inception et un Looney Toons !
Dans cette confusion apparente, un spectacle tout entier s’organise. On est impressionné par les acrobaties, par les aiguës, par les vibratos, par la puissance vocale, par les ralentis, par les accélérés et tant d’autres effets de show.
L’ambiance qui s’installe est communicative. Le public rit aux éclats à maintes reprises sur la comédie musicale la plus déjantée qui nous ait été donné de voir. Plus qu’un spectacle, une expérience !
Les artistes arriveront-ils à sortir de cette boucle temporelle ? Et pourquoi sont-ils pris dedans ?
Encore une dinguerie dont seuls le Théâtre du Rond-Point et son directeur Jean-Michel RIBES ont le secret. Ils parviennent toujours à nous dénicher des spectacles qui sortent des clous !
L’histoire
« Le même peut se transformer en son contraire. »
Neuf danseurs performeurs s’agitent et dansent. Ils recommencent en boucle un même morceau, mêmes sons et mêmes mouvements, musique « transrock ». Un grain de sable dans la machinerie quand l’un d’eux arrive en retard au spectacle. Tout s’emballe. Fête jouissive d’une impossible reproduction d’un même geste qui se change en son contraire. Les gags à la Buster Keaton entraînent une chorégraphie tonique, comédie musicale expérimentale d’une énergie dingue. Théâtre, musique et danse s’entremêlent, convoquent le rock du groupe Microréalité, dézinguent le mythe d’Œdipe et ses fatalités. Rien n’est jamais prévisible, rien n’est pareil à rien, comme une définition du spectacle vivant. Après Micro, Press, Arrêts de jeu, Érection et Théâtre des opérations, Pierre Rigal, athlète de haut niveau, fomente un objet d’une liberté joyeuse, une explosion de surprises et de trouvailles.