Mistinguett, Reine des Années Folles

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C’est sur le retour prochain de « Love Circus » que je souhaitais écrire un article et c’est finalement au spectacle « Mistinguett, Reine des Années Folles » auquel je suis invité. Alors, je dois reconnaître que je m’attends au pire quand je vois que certains de l’équipe de production viennent des spectacle grand public à succès (un grand public tellement habitué à la TV poubelle qu’il crie au génie devant des « Le Roi Soleil », « Mozart, l’Opéra Rock » ou « 1789, les Amants de la Bastille » !) qui m’insupporte par leur fourre-tout musical.

Alors je vais commencer par ce qui m’a dérangé. Après un début qui s’étire un peu, on entre petit à petit dans l’ambiance. Dommage qu’on nous serve une nouvelle chanteuse dans le rôle de Marie : MTatiana dont c’est ce soir la première ! Encore une issue de la TV poubelle à qui on a oublié de dire que quand on ne sait pas tenir un vibrato, on s’abstient de faire trainer la dernière note. Heureusement, elle est plutôt bonne comédienne. Autre ombre au tableau et pas des moindre, Une superbe scène « Ca, c’est Paris ! » interprétée par des danseurs que l’on a pour cette scène équipé de micros pour un playback. Inacceptable ! Ces danseurs sont, malgré tout, tous aussi talentueux les uns que les autres et les apprentis n’ont rien à envier à leur collègues reconnus à l’exception d’un bellâtre typé brésilien qui sourit béatement. L’ennui quand on a un physique comme le sien, c’est qu’on a tendance à attirer l’attention et on remarque donc facilement, le manque d’assurance, de naturel.

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Pour le reste, les transitions entre les tableaux sont quelque peu laborieuses, ça manque d’automatisation, et ça casse un tantinet le rythme. Fort heureusement, les tableaux en question sont très réalistes. Le détail est poussé jusqu’à la présence de la « servante » (Cette lampe sur pied posée au sol et qui doit rester allumée quand un théâtre est inoccupé et plongé dans le noir.) Je passerai sur certains décors visiblement rafistolés comme par exemple, un flamand rose dont le cou est fixé à l’adhésif. Le rendu sur le Casino de Paris après le bombardement de la 1ère guerre mondiale est une merveille : on s’y croirait presque et le décor de salle de jeu tenue par un mafioso est très immersif. Quant au tableau final, le rose, les plumes et l’aisance des danseurs finissent d’achever un bon moment. Aussi, ne vous laissez pas décevoir par un premier acte un peu trop lisse et sans humour. Tout le charme opère avec panache au second acte mais je suis persuadé que la fin du premier acte avec son « Cliffhanger » ne manquera pas de vous maintenir sur votre siège. Et ça, c’est bien vu de la part du metteur en scène.

Mistinguett Reine des Années FollesParlons du livret signé François Chouquet, Jacques Pessis et Ludovic Alexandre Vidal (« Le Bal des Vampires »…). Il est dommage que le chant soit un peu délaissé au détriment de la comédie. Toutefois, on y retrouve des chansons reprises du répertoire de la meneuse de revue mais aussi des chansons aux rythmes et aux mélodies agréables et qu’on garde en tête en sortant de la salle tel que « Con-Vain-Cu » interprété par Carmen Maria Vega qui a cette fêlure dans la voix lui ajoutant ainsi un charme supplémentaire. Dommage pour les tatouages, un peu de maquillage sur ces derniers, ça ne ferait pas de mal. Idem pour MTatiana. Des femmes tatouées dans les années 20, ce n’était pas monnaie courante. On retrouve aussi avec plaisir Fabian Richard (Nominé aux Molières pour son rôle de Emcee dans « Cabaret ») toujours aussi bon. Ajoutez à cela le fait qu’on ressente la cohésion entre les artistes. En particulier avec un « Elle se croit sur la croisette ! » lâché à Carmen Maria Vega qui tente tant bien que mal de contenir son sourire. Ca sent le classique du métier : le défi que se lancent les artistes entre eux avant d’entrer sur scène et qui consiste à placer un mot pendant la repésentation. Ce soir, c’était certainement « croisette ».

Pour ce qui est des perruques, elles commencent à être un peu défraîchies. Même chose pour le collant résille de Miss qui est fortement élimé au niveau du maillot. Malgré tout, les costumes sont fidèles à l’époque tant dans les coloris que dans les motifs et cette cohérence est aussi esthétique que logique.

Revenons aux danseurs, s’ils ne chantent pas, le niveau est très bon et l’un d’eux : Gabriel Andre est particulièrement dans le ton avec sa mâchoire carrée et une absence quasi permanent de sourire lui offrant un style dandy « so 20’s ». Les portés sont bien exécutés. Et si on adjoint à cela la musique bien « couillue », alors ça « jazz », ça « swing », ça « foxtrot » sur le son d’un saxo « live » entrecoupé du trombone à coulisse et de cuivres. J’adore ! Manque plus qu’un peu numéro de claquettes pour achever le tableau et ce serait nickel. Et enfin, quand le numéro de claquettes arrive alors que je n’y croyais plus, je suis aux anges. Conquis !

En conclusion, malgré quelques petits défauts, l’ensemble est bien réalisé et on passe un excellent moment. Mais ne vous attendez surtout pas, n’en déplaise à certains, à voir le sempiternelle énorme mélange de styles musicaux qu’on voit dans la plupart des spectacles qui tentent de racoler un max de spectateurs ou vous risquez d’être déçu. Profitez-en, vous avez jusqu’au dimanche 3 janvier 2016 et pour ceux qui souhaiteraient prolonger la nuit, le théâtre Comedia propose également les soirées Gatsby.

Mistinguett, Reine des Années Folles

Le Comédia

www.le-comedia.fr

Extrait

– Article par Aurélien –

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