Une femme se pose en observatrice quasiment passive comme le public l’est face à ses jeunes. C’est du théâtre dans le théâtre.
On découvre l’histoire bouleversante, poignante de ces gamins prisonnés de leur passé, de leurs démons intérieurs et/ou de leurs mauvais entourage.
La violence verbale, la violence physique, on la reçoit au détour de touches d’humour qui permettent de détendre l’atmosphère. Les phrases sont jetées comme autant de douleurs. Comme des uppercuts. Les déplacements sont diablement bien chorégraphiés. La peine est présente mais c’est leur combat pour une meilleure condition qui est envahissant malgré tout.
Pour jouer tout cela, il ne fallait pas moins que des comédiens au jeu franc. On peut dire que les jeunes talents qui composent la pièce sont prometteurs.
Une pièce cinglante où chaque fissure devient un espace béant, le vide abysssal d’un proche trop absent ou trop présent.
Il n’avaient pas prévu qu’on allait les aimer.
L’histoire
« Leurs champs de bataille ont envahi ma vie ! »
Emmanuelle débarque dans un foyer d’accueil d’urgence pour mineurs. Elle est comédienne, elle veut les initier au théâtre. Quatre garçons et quatre filles lui opposent l’ennui et les violences d’une adolescence laissée pour compte. Prostitution, drogue, maltraitance, inceste. Ils ont traversé des champs de mines de vies ruinées. Ils se racontent, s’opposent aux éducateurs, à bout de nerfs et de forces. Peuvent-ils encore « gagner » ? Jean-Louis Martinelli dirige treize comédiens dont l’autrice de la pièce, Christine Citti, dans son propre rôle. Portrait sans concession ni angélisme, glacé d’humour, d’une jeunesse furieuse et bouillonnante.