Pauvre Bitos
De Jean ANOUILH en collaboration avec Nicole ANOUILH
Mise en scène : Thierry HARCOURT assisté de Clara HUET
Décors : Jean-Michel ADAM
Lumières : Laurent BEAL
Musique : Tazio CAPUTO
Costumes : David BELAGOU
Avec (en alternance) :
Adina CARTIANU, Maxime D’ABOVILLE, Adel DJEMAI ou Simon GABILLET, Francis Lombrail, Adrien MELIN ou Charles TEMPLON, Etienne MENARD et Sybille MONTAGNE
De retour à partir du 11 octobre 2024
C’est dans un contexte d’après-guerre tendu où règne la chasse aux sorcières que se place l’action de Pauvre Bitos.
D’abord, l’ouverture pique notre curiosité. Une curiosité ravivée encore par l’esthétisme de la lumière mais aussi la qualité des costumes et perruques. Pauvre Bitos pourrai faire penser qu’elle était contemporaine de Molière si son action n’était placée pas à des époques postérieures à son existence. En effet, la prose utilisée n’est pas sans rappeler une pièce de théâtre classique. Sa portée politique et satirique ajoute encore à cette impression. Ici, les mots sont plus blessants que les baillonnettes et plus tranchants que la guillotine. Chacun fustige l’autre avec la certitude de détenir le vérité… et le pouvoir.
Pour rendre tout cela encore plus grinçant, il ne fallait pas moins qu’un casting de choix. On y retrouve entre autres le lumineux, mais ténébreux dans son rôle de Deschamps, Adel DJEMAI (12 Hommes en colère). On se régale aussi et surtout de Maxime D’ABOVILLE, qui n’en est pas à son coup d’essai dans le rôle de Robespierre qu’il avait incarné parmi d’autres personnages dans La Révolution. Sur Pauvre Bitos, c’est un tout autre regard qu’il offre à Robespierre mais surtout à Bitos. Il y est lunatique, mesquin mais pas que… Il offrent à Bitos un éventail ambitieux et réussi de traits de caractères.
Une pièce aussi foutraque que dense par ses multiples lectures. Peut-être pas à la portée de tous mais qui mérite qu’on s’y attarde pour peu qu’on ait de l’esprit. Une sorte de Diner de cons plus ciselé, plus incisif.
L’histoire
Dans une petite ville de province, un groupe d’amis de la bonne société se donne rendez-vous pour un « dîner de têtes ». Chacun doit se faire la tête d’un grand personnage de la Révolution française. André Bitos, fils du peuple devenu magistrat incorruptible et vertueux, est l’invité d’honneur : il jouera Robespierre. Mais il semble que l’objectif de cette soirée ne soit pas uniquement de refaire l’histoire de France… Cette bande de notables en smoking-perruque va se lancer dans un jeu de massacre aussi cruel que jubilatoire. Drôle, grinçant et terriblement actuel, ce chef d’œuvre d’intelligence renvoie dos à dos haine de l’Autre et tyrannie de la Vertu.
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Aurélien.