Racine Carree du verbe etre (critique)

RACINE CARREE DU VERBE ETRE

De : Wajdi MOUAWAD
Mise en scène : Wajdi MOUAWAD assisté de Cyril ANREP et
Valérie NEGRE
Dramaturgie : Charlotte FARCET et Stéphanie JASMIN
Scénographie : Emmanuel CLOLUS
Lumières : Éric CHAMPOUX
Costumes : Emmanuelle THOMAS assistée de Léa DELMAS
Conception vidéo : Stéphane POUGNAND
Dessins : Wajdi MOUAWAD et Jérémy SECCO
Musique : Pawel MYKIETYN
Conception sonore : Michel MAURER assisté de Sylvère CATON et 
Julien LAFOSSE
Maquillages et coiffures : Cécile KRETSCHMAR
Accompagnement des enfants : Achille DI ZAZZO
Fabrication des accessoires, costumes et décor : ateliers de La Colline

Avec :

Maïté BUFALA, Madalina CONSTANTIN, Jade FORTINEAU, Jérémie GALIANA, Delphine GILQUIN, Julie JULIEN, Jérôme KIRCHER, Norah KRIEF, Maxime LE GAC OLANIE, Wajdi MOUAWAD, Lucile ROCHE et Anna SANCHEZ en alternance, Nathanaël RUTTER, Richard THERIAULT, Raphael WEINSTOCK

et les enfants en alternance 
Colin JOLIVET, Meaulnes LACOSTE, Théodore LEVESQUE, Balthazar MAS-BAGLIONE, Ulysse MOUAWAD, Adrien RAYNAL, Noham TOUHTOUH.

A La Colline -Théâtre National

Jusqu’au 22 décembre 2024

Dans Racine carrée du verbe être, il est bien question de racines. Les racines d’une terre dans laquelle on est né et celle dans laquelle on est « replanté » pour y puiser des éléments nouveaux. Il y est question de carré aussi et de son infini simplicité aux multiples possibilités. C’est autour de ces notions et de sa fusion en une équation aux variables différentes qu’évolue ce qui est, de toute évidence, une autobiographie fictive.

On ne peut qu’admirer le travail complexe d’écriture et les diverses appropriations scientifiques qui en découlent. En effet, la littérature prend ici une dimension arithmétique. Plus encore de mathématiques quantiques qui ne déroutent pas pour autant les réfractaires aux matières scientifiques. Ces derniers pourront même se réjouir d’un vocabulaire riche. On a un spectacle où le théâtre rassemble sciences et lettres avec maestria.

Mais Racine carrée du verbe être est aussi un spectacle sur l’empathie, sur les choix de vie, les routes que l’on prend et une certaine idée d’une autre dimension inexplorée qui devient, ici, explorable dans toute sa fantaisie plurielle. On se retrouve étriqué dans le prisme d’une réalité non-augmentée.

Le rythme et la musique semblent réglés par un métronome qui s’active dans notre tête accélérant son va et vient à mesure que la pièce avance. Autre jeu d’illusion qui se fait dans notre inconscient : celui de la persistance rétinienne. Les scènes s’enchainent d’un lieu à un autre avec des personnages communs en apparence dans un jeu de calque qui créent cette illusion. C’est un agréable tour de passe-passe mais c’est aussi du génie de mise en scène et d’écriture.

L’œuvre est complexe. Elle regorge de tangentes, de perpendiculaires et de parallèles intéressantes. On y entrevoit bien derrière ces lignes, un homme non seulement de théâtre mais aussi de cinéma qui se passionne de tout et qui utilise son savoir au service de la narration. La scène du « vendredi » en est un des exemples les plus probants et des plus passionnants.

La performance des comédiens est d’une qualité stupéfiante pour ne pas dire désarmante. Les acteurs gèrent aussi bien les expressions et la diction que leurs déplacements chirurgicaux nécessaires à la scénographie. Il y a, d’ailleurs, dans cette scénographie quelque chose d’écrasant mais paradoxalement de fascinant. On est tout le temps dans l’attente, dans la curiosité et dans le magnétisme. On hésite sans cesse entre la gêne, la constriction et le sacré se surprenant à prendre part à une saine schizophrénie. On en vient à aimer être bousculé, voire poussé dans une émotion vacillante donnée par un battement d’ailes de papillons.

Amateurs d’arts, de sciences et lettres, attendez-vous à subir une déflagration et tentez de résoudre l’équation : √être

Crédit photo: Simon GOSSELIN

L’histoire

Qui pourrait certifier que le monde n’est pas une illusion ? Racine carrée du verbe être, créé en 2022 à La Colline, raconte une semaine de l’existence de Talyani Waqar Malik quand, aux choix qu’imposent des événements, une direction a été prise plutôt qu’une autre.
Puisant dans sa propre histoire, Wajdi Mouawad dessine avec ce spectacle les ramifications variables, intriquant intime et politique, de l’arbre de vie d’un homme qui pourrait être celui de tout homme. Dans un miroitement de situations et d’enjeux, l’auteur metteur en scène et comédien explore tant les frontières de la physique et de la métaphysique que celles de la fiction avec une histoire hors normes, qui n’est pas telle qu’elle fut réellement mais telle qu’elle aurait réellement pu être. Ne nous sommes-nous pas tous un jour posé la question de savoir ce qu’aurait été notre vie si nous avions pris une autre direction ? Et si… ?

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Aurélien

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