Dans un décor minimaliste, soulignant sans doute que « l’essentiel est invisible pour les yeux », Saint-Ex à New York nous plonge sur un instant de la vie d’Antoine de SAINT-EXUPERY… On y retrouve sa femme Consuelo et les amants de l’un et de l’autre. Bien vite, le spectateur comprend qu’on assiste à une réécriture du Petit Prince à travers cette situation de vie, quant à elle, bien réelle.
On apprécie le décor épuré fait de quelques tables et chaises notant la part belle au texte et au jeu. On apprécie tout autant les projections en fond de scène qui, non contentes de situer un lieu, jonglent entre cinéma, bande-dessinée styliséee et graphique. Sorte d’arrêt sur image qui donne l’illusion que le temps s’écoule lentement, là-bas, à New-York. Les costumes, quant à eux, nous ramènent aussi à cette époque de la 2ème guerre mondiale tant par les coupes que par les couleurs sobres.
Gaël GIRAUDEAU joue un Saint-Exupéry à la posture fière et sûre. Plus « coincé » physiquement que verbalement. Lui et les personnages qui le cotoient philosophent, dissertent et débatent au sujet de l’amour. Chacun y voyant un intêret différent et quelque peu égoïste. Gravitent autour de ce passionnant sujet d’autres débats sur la transgression, la guerre ou encore la politique. Mais la pièce est aussi une histoire d’abandon, de possession, de guérison et de manipulation. Tout semble se jouer là comme un tango argentin. Les sujets s’enchainent, s’attirent et se repoussent. Le génie un peu gauche et prétentieux contre le charisme, la conscience, la voix de la raison, et la diplomatie… L’optimisme contre le pessimisme.
Quand on s’attaque à Saint-Exupery, il faut trouver une plume aussi belle et précise que lui l’avait. Jean-Claude IDEE accomplie cette tâche avec brio et nous emmenera à des réflexions internes aussi habilement que savait le faire son personnage. Bien souvent, on aura cette sensation de boule au ventre tant l’émotion est présente. Il nous propose également une lecture encore différente d’une des oeuvres majeures de Saint-Ex : Le Petit Prince.
Ce Saint-Ex a New-York est à la fois sublime et fabuleux. Deux adjectifs dont on n’ose abuser tant ils sont surqualifitifs voire surfaits. C’est pourtant les mots qui conviennent pour résumer ce moment de théâtre.
L’histoire
Eté 42, dans une villa en bord de mer près de New-York, Saint-Exupéry écrit le Petit Prince, conseillé notamment par sa femme et par l’amant de celle-ci, le philosophe Denis de Rougemont. Une amitié paradoxale naît entre les deux hommes et de grands débats animent le trio. Mélancolique, il s’échappe parfois pour rejoindre sa maîtresse, la jeune journaliste américaine Sylvia Hamilton. A l’annonce du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il décide de reprendre le combat malgré sa mauvaise santé. Alors, se constitue une union improbable entre Consuelo, Sylvia et Denis pour dissuader à tout prix Saint-Ex de partir.