Songe à la douceur
D’après le roman de : Clémentine BEAUVAIS
Mise en scène : Justine HEYNEMANN assistée de Stéphanie FROELIGER
Livret : Rachel ARDITI, Clémentine BEAUVAIS et Justine HEYNEMANN
Musique : Manuel PESKINE
Scénographie : Marie HERVE
Costumes : Madeleine LHOPITALLIER
Lumières : Aleth DEPEYRE
Chorégraphie : Alexandra TROVATO
Avec :
Rachel ARDITI, Manika AUXIRE ou Lucie BRUNET, Charlotte AVIAS ou Elisa ERKA, Valérian BEHAR-BONNET, Manuel PESKINE et Benjamin SIKSOU
Du 13 au 30 décembre
En tournée :
13 janvier Centre dramatique national de Sartrouville (78),
27 janvier théâtre de La Celle-Saint-Cloud (78),
10 Mars théâtre d’Angoulême (16),
6 avril Théâtre d’Agen (47).
Quelle jolie pépite que nous propose ici le théâtre Paris Villette avec Songe à la Douceur ! Sous ses airs de comédie à l’eau de rose, c’est une réappropriation du Spleen et de l’idéal. Rien d’étonnant avec ce titre qui renvoie immédiatement à BAUDELAIRE. L’invitation au voyage, poème incontournable des Fleurs du Mal est omniprésent.
Derrière cette transfiguration des textes de BAUDELAIRE, la mise en relief de l’histoire est intéressante par son écriture, sa scénographie. L’écriture : De la dentelle nous faisant passer au moment où il faut d’une époque à une autre. Elle crée une sorte d’attente avide du spectateur qui se repait chaque fois d’un nouveau fait. La scénographie : aérienne, fantastique. On a le sentiment d’être suspendu avec les protagonistes dans les airs. D’embarquer avec eux sur leur petit nuage.
Certains aspects nous ramènent d’ailleurs à La la land. Les lois de l’attraction sont mises en exergue de façon admirable. Le niveau de jeu des artistes est captivant. On se noie dans les yeux de chacun d’entre eux. Il existe entre eux une sorte d’opposition incroyable dans tout. Beauté lisse contre beauté cassée. Voix posée contre voix sur le fil. Passion contre mépris. Insouciance contre prudence. Quant à la narratrice, elle s’applique à briser le quatrième mur et à jouer la conscience des personnages avec un grain de folie délirant.
On a le plaisir rare de voir les comédiens passer sans casser le rythme du jeu au chant et même aux instruments de musique installés sur scène. Chacun dégage quelque chose de solaire. Chacun a dans la voix, dans le jeu une particularité bien singulière.
Avec trois fois rien, l’espace est merveilleusement occupée. La scénographie est si bien travaillée qu’on s’attarde parfois inconsciemment sur un détail comme une ligne sur un corps… qui, à notre grande surprise, donne lieu à une chanson l’instant d’après.
Il ne s’agit pas de théâtre musical, pas de comédie musicale. Mieux encore : de la poésie musicale ! Donc de la chanson, direz-vous… Mais non, c’est encore autre chose de plus original.
Au milieu de mauvais spectacles dont on s’abstiendra de parler, les coups de cœur se multiplient. C’est donc un coup de cœur amplement mérité pour Songe à la douceur.
Ne passez pas à côté de ce spectacle, prenez le temps de vous y arrêter, de vivre l’instant de ce spectacle fragile et précieux. Sans doute aurez-vous même envie de le revoir.
L’histoire
C’est l’histoire de ces deux histoires d’un amour absolu et déphasé – l’un adolescent, l’autre jeune adulte – et de ce que dix ans d’une vie peuvent changer.
Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17. Il est charmant et sûr de lui. Elle est timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse, et lui, semblerait-il, aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Eugène réalise qu’il ne peut plus vivre loin d’elle. Mais voudra-t-elle encore de lui ?
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Aurélien