Le syndrôme de L’oiseau (Critique)

Le Syndrôme de l’oiseau

De : Pierre TRE-HARDY

Décor : Jacques GABEL

Costumes : Pascale BORDET

Lumières : Jean-Pascal PRACHT

Création son : Bernard VALLERY

Avec : 
Sara GIRAUDEAU, Patrick D’ASSUMCAO et la voix de Denis PODALYDES (de la Comédie-Française)

Au Théâtre du Petit Saint-Martin

Du 23 janvier au 13 avril 2024

 

Pierre Tré-Hardy s’inspire librement d’un fait divers de 1998, l’affaire Natascha Kampusch. Les faits relatent l’enlèvement d’une petite fille autrichienne, Natascha Kampusch, par Wolfgang Přiklopil, technicien en télécommunications. Elle est séquestrée plus de huit ans, du 2 mars 1998 au 23 août 2006, jour où elle s’est échappée. Natascha Kampusch a par la suite écrit un livre, 3 096 jours, dans lequel elle raconte cette épreuve

« Librement inspirée” car ici, Eve joué par Sara Giraudeau, est tenue captive par Franck, incarné Patrick d’Assumçao, depuis 18 ans.

Eve ne se rappelle pas de sa vie d’avant. Parfois elle essaye de s’en souvenir mais le passé est interdit.

La couleur donnée au personnage d’Eve est une fille fine, frêle, à la une voix aérienne, presque angélique.

Dans son attitude on voit l’enfant brisée, la femme qui essaye d’exister, mais complètement maitrisée par Franck qui lui, est imposant par sa voix et sa corpulence. Il pense pour elle, au point qu’elle finit par vouloir ce qu’il lui dit qu’elle aime : « Tu aimes la violence »

Il parle d’un médecin qui ne parlerait qu’a lui et qu’Eve n’aurait jamais vu : « Tiens écoute… Ah ! Le médecin m’a dit que tu devais rester ici. Tu ne l’entends pas ? C’est normal mais moi je l’entends. » A contrario, Eve réfléchit et montre le désir de partir, mais sans tuer Franck elle l’aime malgré tout.

On aborde pleinement le syndrome de Stockholm. Le Syndrome de l’oiseau dépeint cette réalité possible : posséder l’autre, lui confisquer tout horizon et tout envol. Le monde et la vie d’Eve se résument à un espace. 

Au milieu de cette histoire horrible, on est face à des questions qui peuvent nous faire écho : « Quand on a tout, peut-être qu’on ne peut pas être heureux, il faut qu’il nous manque quelque chose… moi je veux voler » Vouloir toujours plus, le prix de la liberté, du bonheur. Là où Franck nous répondrait : « Qui te parle d’être heureux…. Tranquille c’est déjà bien »

Tout au long du spectacle, L’ambiance sonore et visuel est au top.

Jacques Gabel pour le décor, Jean Pascal Pracht pour les lumières et Bernard Gallery pour le son, tout est réussi.

Il nous manque toutefois des accès de colère plus sincères. Ceux-ci restent trop dans la retenue et le contrôle.

L’histoire

« Je sais ce qui est bon pour toi, tu le sais. »

Prix Raimu, Molière de la révélation théâtrale 2007, César de la meilleure actrice dans un second rôle 2018 pour Petit Paysan, figure phare de la série Le Bureau des légendes, Sara Giraudeau devient Ève. Elle s’occupe de la maison, petits plats, linge, ménage impeccable. Elle vit là depuis toujours. Des murs, la porte close, une fenêtre grillagée. Franck la retient, Ève ne connaît pas d’autres repères. Son monde et sa vie sont refermés à cet espace. Le Syndrome de l’oiseau dépeint cette réalité possible : posséder l’autre, lui confisquer tout horizon et tout envol. La comédienne met en scène avec Renaud Meyer un huis clos imaginaire, à la fois duel réaliste et fable fantastique. Face à Patrick d’Assumçao, elle devient cet oiseau privé du monde, aux prises avec sa propre folie, au dernier moment de la séquestration.l était une fois une histoire d’amour entre Jeanne et Arthur.

 


Crédit Photo : Giovanni CITTADINI CESI

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Rémi.

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