Tom na Fazenda
(Revisão em português: clique aqui)
De Armando BABAIOFF
D’après le roman Tom à la Ferme de Michel Marc BOUCHARD
Adaptation : Armando BABAIOFF
Mise en scène : Rodrigo PORTELLA
C’est un troisième Tom à la Ferme qui est présenté cette saison à Paris. Si les deux autres versions étaient excellentes. Cette version brésilienne dépasse de loin les deux autres.
D’abord soulignons une interprétation prodigieuse de l’ensemble des comédiens. On les sent possédés par l’œuvre. Le texte n’a jamais été aussi lisible qu’il ne l’est ici et la proposition d’une version longue n’y est pas pour grand-chose. Tout repose sur la capacité qu’ont les comédiens à rendre le texte vivant et vibrant. Davantage qu’une incarnation, c’est une transcendance qui se joue.
Tom na fazenda raconte cent fois plus qu’un coming-out post-mortem, ce sont les luttes intérieures de destins perdus.
La musique participe à nous plonger dans les tréfonds de la violence. L’éclairage est linéaire et magnifiquement poussiéreux. L’ambiance sonore encercle le spectateur. Chaque détail participe à une angoissante et fascinante psychose où la brutalité y est étrangement sensuelle voire érotique.
La langue portugaise du Brésil sonne comme une chanson atténuant la violence du propos. Plusieurs fois, d’ailleurs, sauvagerie et volupté se percuteront en un feu sacré avec un réalisme inquiétant et subjuguant. Plusieurs fois, on frissonne face à cette approche contemporaine.
On notera en point d’orgue une danse présentée comme une sorte de combat : pas une capoeira, pas un tango. Quelque chose d’animal et d’humain, un face à face d’une incroyable résonnance. Une force de la nature ! C’est cette dance qui sublimera encore les comédiens par leur aspect de statue de glaise : Titans d’argile aussi fragiles qu’impressionnants, aussi imprenables qu’un liquide bouillonnant. La tension de cette chorégraphie s’y fait plus grande encore que durant le reste de la pièce. L’argile renforce encore l’intensité des regards. Des regards aussi noirs qu’ils sont en contradiction avec les sentiments des personnages.
Tout est explicite, limpide, cruel, brutal mais, par-dessus tout, d’une extrême beauté !
Tom na fazenda est une démonstration, une leçon de tout ce que le théâtre a de plus captivant à nous offrir.
Notre deuxième triple Coup de cœur de l’année !!!
L’histoire
Après la mort de son amant, Tom, dévasté, se rend au fin fond de la campagne pour ses funérailles.
Il y rencontre sa mère, qui ignore l’orientation sexuelle de son fils défunt, et son frère, un paysan viril et violent qui insiste pour que Tom cache leur relation à sa mère éplorée.
Dans cette ferme, le mensonge est la condition première de la survie. Le sang et la boue souillent les mots et magnifient des corps transfigurés par les émotions pour révéler la grandeur tragique et universelle de ce texte nécessaire.
Au Brésil, où le nombre de meurtres homophobes atteint un nombre record, Tom à la ferme a acquis une résonance terrible.
Crédit Photo : Victor Novaes
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Aurélien.
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